Farah Khelil (née en 1983 à Carthage)
Sans titre
Carte postale
120 x 80 cm
Exposition L’inspiration a-t-elle des mains ou est-elle somnambule?
La Boîte 2015

L’exposition L’inspiration a-t-elle des mains ou est-elle somnambule ? trouve sa source dans deux éléments d’archives chinés par l’artiste : (1) un manuel d’apprentissage à l’écriture de la langue arabe proposant 22 phrases en pointillés se référant à la morale*, destinés aux écoliers chargés de relier les pointillés des phrases pour en percevoir visuellement le sens; (2) une carte postale déclinant une photographie en noir et blanc d’une classe de jeunes filles œuvrant à un travail de broderie sous la supervision des Sœurs Missionnaires de Tunis, avec au bas, la légende suivante: « Par l’enseignement scolaire, ménager ou artistique, les Sœurs Blanches préparent la jeune fille à prendre sa vraie place au foyer familial ».

Dans l’exposition L’inspiration a-t-elle des mains ou est-elle somnambule?, la carte postale figure en grand. Par-dessus, à intervalles réguliers, figurent trois rosaces de style arabo-mauresque en pointillés; un clin d’œil à la pédagogie du pointillisme au cœur du manuel d’apprentissage à l’écriture décrit plus haut.

Le tout interpelle. L’artiste ne reprend-elle pas là le fil de l’Histoire ? En esquissant sur la carte postale ces rosaces en point de croix, ne prépare-t-elle pas le terrain à toutes celles qui souhaiteraient par le travail artistique « prendre leur vraie place dans le foyer familial » ? A moins que l’absence de fil sur ce travail préparatoire grand format soit justement le refus à ce qu’on œuvre par le travail artistique « à prendre sa vraie place dans le foyer familial ».

* Quelques exemples de ces phrases moralisatrices :

Bina’ el-banine wal banat akbar min bina’ el-bouyoute (La formation des garçons et des filles est plus importante que la construction des maisons).

Al sadãka, ehda dharoûriyet el hayet (L’amitié/la camaraderie est une des nécessités de la vie)

Qawem El Qalaq bi Qiraet el Quran (Combats l’ennui par la lecture du