Nicène Kossentini
They abused her by saying

Mars 2010 I Novembre 2010
La Boîte I Un lieu d’art contemporain

Texte de Nicène Kossentini
« Dans les œuvres de Nicène Kossentini, c’est le regard sur le monde et sur la nature des êtres qui est interrogé. L’artiste traque l’incertitude du regard contre l’accoutumance de la vision et des idées reçues en mettant hors- champs ce que pourrait être un sujet. Elle soulève le problème de l’insaisissable repère de l’identité et dévoile la fragilité des êtres devant l’imperium des coutumes. »

« Avec « They Abused Her By Saying », une exposition qui fera date et à laquelle La Boîte donnera un fort écho, Kossentini met le Tunisien en face du statut de la femme tunisienne tel qu’une jeune femme peut le ressentir et l’exprimer (cette création date d’avant la Révolution de la Dignité, il est bon de le préciser, les choses ayant beaucoup changé ensuite). Ce statut, autant le reconnaître, n’est pas de nature à faire rêver. En plusieurs photographies N & B, sur un mode pas loin de l’évanescence, l’artiste nous présente la vue d’une jeune femme vêtue d’une robe blanche se heurtant de tout son corps aux parois que constituent ici les marges de la photographie. Corps prisonnier de
lui-même, corps prisonnier du monde qui l’entoure, prenant les airs  cellule qu’on ne peut ouvrir et dont les barreaux ont comme le pouvoir de contraindre, de domestiquer, d’humilier, de bannir, corps qui s’effondre sur le sol, épuisé, en manque de ressources. Être une femme accomplie et libre, maîtresse ce son corps, de ses désirs – une perspective impossible en Tunisie ? « Au-delà de la symbolique assez évidente (mais courageuse sous la dictature), l’effet de blancheur et de saturation aboutit à une quasi disparition de l’image, à une quasi impossibilité de représenter où seuls quelques signes émergent du néant », peut-on lire sur le blog Lunettes Rouges chroniquant cette œuvre. »

Paul Ardenne

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